dimanche 1 juillet 2012

Maryse Cordesse : "L'ENSP a donné une structure fixe aux Rencontres d'Arles" 


Maryse Cordesse, présidente des Rencontres d'Arles dans les annés 80, et l'une des figures clés de l'histoire de lÉcole Nationale Supérieure de la Photographie, explique l'identité du festival et son importance dans le contexte du paysage culturel français.
Photographie.com : Vous avez été présidente des Rencontres d'Arles, vous avez vu cette manifestation grandir et évoluer. Le festival d'Arles a-t-il tenu toutes ses promesses ? Comment décririez-vous l'apport du festival à la photographie ?
Je pense que les Rencontres ont beaucoup aidé la France à attraper son retard en photographie. Il faut comprendre que, lorsque j'ai commencé à m'occuper des Rencontres en 1977, la photographie en France n'existait pas : les conservateurs français n'étaient pas intéressés, et ce vocable n'existait pas, administrativement, au Ministère de la Culture. Il n'y avait pas grande chose au Centre Pompidou, qui avait un peu raté le coche. 
Je me souviens que lorsque je disais à mes amis ce que je faisais, tout le monde se moquait de moi, en me disant : la photographie n'est pas un métier ; c'est soit un studio où l'on fait des photographies de mariage, ou des reporters avec leurs célèbres gilets beiges. 
Je dirais donc qu'au début, cette manifestation était faite presque pour les photographes, pour qu'ils puissent se rencontrer, discuter, montrer leurs photographies, etc. Il était très difficile de s'imaginer que les Rencontres prendraient un tel essor. Jusqu'à la fin des années 80, et peut-être même au-delà, le festival était essentiellement composé d'un cercle que j'appellerai des "initiés" (c'était un public nouveau, assez jeune). Les gens venaient voir les expositions, mais aussi s'initier à la photographie dans le cadre des stages, ou fréquenter les photographes plus connus. 
Pendant de longues années, il était très important que ce cercle d'initiés fasse la structure et le fond du public. C'est depuis une quinzaine d'années, et plus particulièrement depuis la venue de François Hébel, que le public des Rencontres s'est élargi. Maintenant les gens viennent même s'ils ne connaissent pas forcément la photographie, tout comme l'on va à un concert sans avoir jamais joué deux notes sur un piano. Le public vient parce que la photographie est entrée dans les moeurs, et aussi à cause de l'argent que l'on investit aujourd'hui dans la photographie.
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